Départs/arrêts N1F : Lisa Bruni

J’ai souffert de dépression anxieuse pendant plusieurs mois. C’est un trouble de l’humeur qui se manifeste par des symptômes très variables en fonction des personnes. Pour moi, c’était surtout des symptômes physiques dans un premier temps (beaucoup de fatigue, des maux de ventre et problèmes digestifs, de l’hyperventilation, troubles du sommeil) puis dans un second temps, des symptômes psychologiques (tristesse, désespoir et colère).

Comment se sont déroulés ces derniers mois ?

J’ai passé les derniers mois avec mes proches, pour faire court, j’ai dormi et mangé. Mes parents m’ont beaucoup aidé. Je les remercie d’avoir été là pour moi et d’avoir été si compréhensifs. Ce n’est pas toujours simple à appréhender pour les proches car le mal-être est invisible, cela peut être perçu comme de la paresse, ou comme de la mauvaise foi. Mais c’est bien plus complexe que ça. Aujourd’hui je vais beaucoup mieux, et je prépare l’avenir en profitant de ces (très) chauds mois d’été.

De plus en plus de sportifs professionnels libèrent la parole et osent mettre des mots sur leurs souffrances psychologiques, penses-tu que les fédérations/clubs accompagnent suffisamment les sportifs dans ta situation ?

Je ne crois pas que la santé mentale soit assez bien prise en charge de manière générale; le sport n’est qu’un reflet de la société. J’ai eu beaucoup de chance, mes coachs, mes coéquipières et amies, tous-tes les bénévoles autour de moi ont été très bienveillants. Je pense donc que les choses évoluent dans la bonne direction.

Les clubs doivent mettre en place plus de suivi, je parle ici de véritables suivis psychologiques tournés vers l’être humain derrière la sportive, surtout si la joueuse manifeste des signes de fatigue psychologique et physique, ou ils doivent au moins l’encourager à se faire prendre en charge. La plupart des clubs mettent en place des outils de préparation mentale, ou d’aide psychologique pour que la joueuse soit plus performante. Il faut selon moi, stopper cette dissociation faite constamment entre la joueuse et la personne. La joueuse est la personne et inversement.

Je souhaite aussi aborder le sujet des techniques d’entraînement qui sont parfois très violentes psychologiquement. Certains coachs utilisent des techniques d’entraînement violentes, et elles sont totalement banalisées (voire valorisées) dans le sport de haut niveau. J’ai déjà connu plusieurs coachs qui insultent leur joueuse, qui les dévalorisent publiquement, qui utilisent des méthodes punitives, sous prétexte de cette dissociation : j’ai souvent entendu dire « je m’adresse à la joueuse, et non à la personne ». Ces techniques sont selon moi très néfastes et elles doivent être dénoncées. Grandir avec ces mots peut mener à de graves problèmes de santé mentale qui peuvent durer pour toute la vie. Je ne parle évidemment pas ici de mon expérience à Pessac, Marco et Julien sont extrêmement bienveillants et j’ai été surprise de voir plus de professionnalisme dans un club de Nationale 1, que dans ma courte expérience dans un club de D1 à Chambray.

Tu as de nouveaux projets personnels et professionnels, peux-tu nous en parler ?

Je vais commencer un master en géographie, aménagement du territoire et développement durable à la rentrée de septembre sur Pau. Je souhaite m’engager dans la lutte contre le changement climatique à travers divers projets dans le monde associatif.

Je souhaite remercier tout le club de Pessac pour son incroyable esprit associatif, solidaire, et bienveillant. Merci évidemment à tous-tes les bénévoles qui contribuent à pérenniser cette superbe mentalité. Merci aux dirigeants et aux coachs, je me suis sentie écoutée en tant que personne. Enfin, merci à mes coéquipières et amies, qui sont toutes aussi géniales les unes que les autres.
Le SPUC me donne beaucoup d’espoir quant à l’avenir de ce sport et du sport en général qui doit rester avant tout source de bonheur pour les spectateurs, comme pour les joueurs.ses (amateurs.trices ou professionnels.elles).